La maison de Gardanne – vendredi 2 mars 2018
On se retrouve le matin à l’ancien local, Manon, Norbert, rescapés des neiges narbonnaises, Vittorio, Boris venu courageusement à pied de la ville et Adam pour y débarrasser ce qu’il reste du dernier déménagement, des objets variés, vestiges en tous genres d’années d’animation, d’activité, de fêtes, de festivals, de road trips, etc... Dans le local, insolite, une remorque à cheval en cours d’aménagement pour une seconde vie en bibliobus. Nous nous rendons à la déchèterie où l’employé municipal qui nous accueille reconnait à l’ouverture du camion l’odeur du local où son association stocke aussi son matériel, le local, entre capharnaüm et bazar, de nombreuses associations y stockent leurs matériels, une odeur de tout ça et de cave, champignon et salpêtre mêlés.
Marilène, puis Jean-Philippe se joignent à nous pour un déjeuner au soleil avec au menu tajine de Toulouse, tartes bio de Venelles, gaufres de Beisson et mousses au chocolat de Boris. On transporte alors le road trip orchestra à la maison de Gardanne pour le début d’après-midi, et au passage on fait grimper à bord Aziz débarqué de Marseille en gare de Gardanne.
« La maison est un centre de soins palliatifs qui accueille dans ses unités de soins des personnes atteintes de maladies graves et évolutives. La maison héberge aussi un accueil de jour, un lieu singulier qui repose sur l’alchimie des rencontres entre patients, soignants et bénévoles, avec des propositions artistiques et corporelles, des sorties à l’extérieur ».
« Des artistes issus de diverses pratiques : musique, danse, arts plastiques, vidéo, photo, théâtre… animent bénévolement l’accueil de jour. Les participants sont les patients et les accompagnants (équipe de soignants et de bénévoles). Les artistes nous amènent à partager réflexions, doutes, échecs, contraintes, dépassement de soi, et surtout découverte que la vie ne nous porte qu’en mode créatif et inventif chaque jour. Les ateliers recréent du lien social, ils sont un lieu d’échange et d’écoute pour la parole de chacun. L’occasion de nous relier au monde, à notre environnement. »
L’accueil est chaleureux dans le petit salon où un gros chat ronronne, nous nous posons un instant sur les canapés confortables qui appellent à la sieste, tout prêt d’un patio intérieur baigné de soleil, puis la troupe s’installe dans la cafétéria pour un café et petit briefing. Les grandes baies vitrées donnent sur le jardin, des rubans tibétains flottent au vent, un vélo entièrement recouvert de laine à tricoter, un pullcyclette. Chacun déballe ses propositions et on fait la playlist du spectacle : musique, chants, danse, magie, jonglages et textes au programme.
Les patients, les soignants, bénévoles, familles, sont prêts, tous près de la scène improvisée, dans le passage central qui prolonge le salon, un piano blanc, de grands fauteuils, des sculptures étonnantes et une expo de grandes toiles ethniques aux murs. Le trac nous habite avant de s’y lancer.
S’enchainent les tours de chants, les jeux de mots, les acrobaties musicales, les numéros de magie, les danses improvisées, rock, twist, valses qui entraînent les participants dans un gai tourbillon, tandis que la vie de la maison continue autour de nous, les personnels s’activent à leurs tâches, des patients arrivent et traversent le passage, accompagnés des soignants qui les véhiculent. On ressent alors intimement « ce lieu singulier qui repose sur l’alchimie des rencontres entre patients, soignants et bénévoles », cette maison si particulière, ce lieu d’humanité.
Après le spectacle, nous sommes invités à un goûter dans la cafétéria. Autour de nous, les patients, les personnels, les soignants, les bénévoles, les familles. Des échanges autour des petites choses du quotidien, des regards, des sourires, des proximités, un bœuf prend avec Aziz à la clarinette, Jean-Philippe à la guitare et au chant, Manon et Norbert qui les accompagnent, Vittorio inspiré au djembé.
Nous repartons tard dans l’après-midi avec des remerciements appuyés, les personnes présentes nous disent qu’elles ont goûté ce moment de joie et de réconfort, qu’elles se sont senties transportées ailleurs l’instant d’une après-midi, dans un temps suspendu.
Pour nous aussi, un moment intense de partage et de don, de précieuses images qui restent gravées et au cœur le désir de recommencer.
Adam