Road Trip en Auvergne - Août 2017
Carnet de voyage - Road Trip de la Grande Famille en Auvergne
Je me souviens... d'un sentiment de bien être qui n'a cessé de m'accompagner ; d'un Christophe si dévoué à partager les splendeurs de son Auvergne ; de Clara et Thibault ; de la gentillesse des uns envers les autres outre les désaccords et malentendus ; d'avoir dansé, pleuré, ri ; de la magnifique Nathalie et de ma première truffade cuisinée par Dan - reconnu de nous tous comme le jumeau d'esprit et de cœur d'Olivier. Et je me souviens d'avoir retrouvé au hasard d'un chemin, la Maison de repos qui m'avait accueillie quarante ans auparavant. Auvergne, terre nourricière depuis toujours et à jamais.
Je me souviens de... ce miroir immense, liquide, le lac de Guerry. Les arbres, les collines, le ciel, s'y reflétant du matin au soir avant de céder leur place aux étoiles. Est-ce que les poissons voient les étoilent ? Qu'importe, pourvu qu'ils voient l'appât au bout de ma ligne, un petit bout de fromage Saint Nectaire acheté hier matin sur le marché. Je pêche, un bout de fils de pêche trouvé à côté d'un ancien feu de camp, un bout de bois en guise de flotteur et un hameçon emprunté à un pêcheur. Je lance ma ligne une première fois, qui n'ira pas plus loin que mon expérience en la matière, c'est à dire jusqu'à mes pieds. Voilà donc l'appât devant ma chaussure, que cela peut-il bien signifier ? Que je pêche comme un pied bien sûr ! Allez...deuxième lancé....2 m ! youpi, ça va marcher, ce soir les poissons vont se régaler et nous régaler à notre tour, j'en suis convaincu, les autres pas trop, mais bon, je reste focalisé sur mon bouchon de bois flottant et me met à parler aux poissons : Du Saint Nectaire pour vous mes petits, c'est pas rien quand même, régalez-vous et surtout mangez-en jusqu'à l'hameçon, car l'hameçon c'est le meilleur ! Quelque heures plus tard, magie !!! je découvre que contrairement à certains auvergnats, les poissons d'ici ne sont pas du tout chauvins, puisqu'ils n'aiment pas le fromage Saint Nectaire.
Je me souviens de... cette nuit, belle étoilée au souffle clair et au parfum de bois brûlé. Ses courbes et nos vieux os reposent sur un tas de volcans endormis. On s'allonge en bande de sardines sur la bâche étalée pour se tenir plus chaud. Allongée, je perçois les profondeurs qui nous entourent, de dessous et au-dessus. Le rêve en a emporté plus d'un et certains sont bientôt pris de vertige. La civilisation est loin, mais la source ferrugineuse de la vallée de Chaudefour viendra à bout de nos litiges. Je ne crois pas être vraiment en France. Ici, il faut manger la croute par respect, vivre sans argent et mes dessins sont vendus aux enchères à l'envers : "Qui dit moins?". Je ne comprends rien de cette bourrée à 2 ou 3 temps qui anime les marchés. Et pourquoi pas 9? ou 12? Modalités ou pas, quoi qu'il en soit, nos ventres, eux, sont toujours en harmonie : j'ai faim! J'ai soif... Comme un écho. Oh! Un saucisson a atterri dans la housse de guitare! Ai-je oublié mes lunettes? Le temps des nos vies de troubadours oscille. De plus ici dans les montagnes, avec l'inversion des pôles, les nuages signalent l'arrivée du beau temps. Si bien que les rapaces à peine en vue ("des rapaces!!"), il est déjà l'heure de repartir. Il est temps de tendre le pouce à la route et les dents aux passants, de croquer l'esbrouffe et le buisson ardent! En fait, ce versant est réputé pour ses bouses de vaches et ses champignons hallucinants... lacs sans fond, pêcheurs de fromage, danseurs en sabots, truffade à moto, guirlande vivante, un voile de mystère enveloppe ces contrées sculptées de lave, aux vastes forêts de sapins.
Je me souviens de... ce voyage au sens littéral mais aussi de ce voyage en moi et dans l'autre, car il s'agissait avant tout d'une aventure humaine, partir à la rencontre de l'autre et de soi ! Je me souviens comment un petit pouce levé au bord d'une route permet de rencontrer l'autre, celui que la vie n'aurait peut être jamais mis sur notre chemin. Je me souviens de ces cœurs ouverts, de ces yeux étoilés . Il y avait cette bienveillance dans ces rencontres, qui fait qu'on a encore plus confiance dans la vie. Je me souviens de ces soirées autour du feu, la tête dans les étoiles et la musique qui nous accompagne.
Je me souviens de... mon arrivée dans ma région natale, le violon en main à la terrasse d'un bar de Champeix, et de l'émotion du patron qui nous offre la consommation, ému car sa grand-mère jouait du violon. Des rivières saines multiples, ce massif étant un château d'eau naturel, offrant des bains revigorants. De la bonhomie accueillante des marchés qui offrent charcuteries et fromages des meilleurs au monde contre un peu de musique locale ou globale. De ce groupe inattendu d'artistes internationaux qui jouent pour et avec les migrants à Saint-Nectaire. De ces voisins de contemplation d'étoiles filantes, voisins venus des bords de Loire et qui présagent un prochain Road-Trip. De ces lacs, l'un sans fond, l'autre altissime, l'un glaciaire, l'autre volcanique, chargés de légendes. Du cœur de la vallée protégée de Chaudefour, d'où la myriade d'étoiles fait écho aux yeux des chamois. De l'accueil d'un autre "Olivier" le soir de pluie, son abris et sa truffade honorant la chanson de Brassens. De la rencontre incroyable de ma tante en costume folklorique auvergnat. De ces montagnes vertes patûrées de tâches rouges, de ces cols lunaires bordés de roches jaillissantes. De ce caractère insolite qui m'a forgé.
(Textes écrits par Mathilde, Aziz, Boris, Sabrina, Stéphanie, Christophe, Hervé)
