29ème nuit de la paix - 31/10/15
On arrive, on arrive, on arrive, à pieds ou à roues, tout là-haut dans la colline. On s'installe. Des bougies dans tous les coins, un grand feu qui réchauffe. Petits plats à toaster ou à trancher, « faites passer », vin rouge et jus de fruits maisons. Des châtaignes, légumes et grillades dans la cheminée.
« C'est la nuit de la Paix » lance l'annonceur tout de suite acclamé comme Président du monde. Le crieur, « Monsieur loyal », déclare la scène ouverte.
Et hop !
Quelques lectures à la bougie ou à la lampe de poche, dans un silence de paix. Être juste là en confiance, traversé par notre manière à chacun de recevoir les mots sortant de la bouche et se promenant dans l'air.
Texte du bout du monde, texte sans allumettes, texte s'envolant grandiloquent vers le désir de Paix, un autre encore vers l'universalité des mots qui rassurent. Des joueurs de go transforment l'espace coloré d'un carré tout tracé. Et le feu danse, et le feu crépite, son silence à lui. Une chanson a capela envoûte l'espace entier pour qu'il nous enveloppe de douceur. Une phrase en grec moderne confiée à deux langues, une chanson qui bégaie et transforme les mots en image pour faire rire.
Maintenant une mélodie pleine de sage patience raisonne dans un corps de bois tout contre le corps de son magicien. Il s'arrête. Peut-être troublé pas la beauté de ce moment ? Il nous raconte une histoire de messe qui fera son chemin la suite de la soirée car le rire et la paix sont des amis complices. Le magimusicien reprend, il nous emportent tout près, tout près du feu ensemble, tout près de nous chacun.
Un jongleur de feu sort la cheminée dehors, sous le ciel étoilé et les branches qui découpent de leur feuille le ciel en guirlande. La paix s'enflamme et tourbillonne au bout des mains de cette ombre dans la nuit, elle l'éclaire par morceau et l'on reconnaît un ami. Les flammes se transforment en trois belles bougies à souffler pour l'anniversaire d'une vie.
Partir sur le sentier qui grimpe, là-bas, où la Lune Rousse toute blanche étale sa lumière sur les collines lointaines et la montagne Sainte Victoire. Les feux d'artifices des différents villages de la vallée feront-ils un jour leurs éclairs en même temps ?
A l'intérieur, c'est maintenant une musique suédoise qui emplie l'atmosphère. Puis, quelques mots sur son nyckelharpa et le musicien invite les danseurs à valser aux sons anciens de cet instrument étrange, semblant venir des paix ancestrales. On se raconte des choses, on pèle les châtaignes, on se laisse bercer, on rêve, jusqu'à, petit à petit, monter dans la pièce où une mer de duvets ronfle sagement.
Marilène